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ON NE VOYAIT QUE LE BONHEUR
DÉCIDÉMENT, GRÉGOIRE DELACOURT RESTE PROCHE
Texte: Valérie Lobsiger
On ne voyait que le bonheur, de Grégoire Delacourt
Editions JC Lattès, 360 p., août 2014
Décidément Grégoire Delacourt reste proche des souffrances de Monsieur Tout-le-monde. Après s’être mis dans la peau d’une mercière chanceuse au loto (La liste de mes envies), puis dans celle d’une pulpeuse démonstratrice au rayon charcuterie lasse de ne provoquer que la concupiscence des hommes (La première chose qu’on regarde), l’écrivain se met ici à la place d’un expert en assurances qui se sent méprisé de tous et finit par péter un plomb. Si on n’avait pas trop adhéré au précédent roman pour cause de manque de parti pris (sous couvert d’apologie de la vie simple, l’auteur ne se payait-il pas la tête de ses personnages?), on a en revanche mieux apprécié celui-ci, à la démarche à notre avis plus sincère. L’auteur a voulu en effet savoir de l’intérieur ce que ça faisait de se sentir tout le temps une «crotte de bique». Et là, pari réussi, le lecteur est aux premières loges. Son effort de compréhension le rapproche du narrateur, et au final, le rend plus sensible au sort de ses semblables.