→ CINÉMA

MAGIC IN THE MOONLIGHT

moments magiques entre les deux2

Affiche magic moonligh1t

Stanley et Sophie1


ON A BESOIN DE SES ILLUSIONS POUR SUPPORTER LA VIE

Texte: Valérie Lobsiger


Magic in the moonlight, de Woody Allen
(Etats Unis, 2014, 98 mn) à partir du 4 décembre sur les écrans suisses alémaniques


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«YOU DO SOMETHING TO ME, Something that simply mystifies me. Tell me, why should it be, You have the power to hypnotize me». On soupire d’aise dès le générique, charmés par une chanson de Cole Porter. Nous voici transportés au temps des années folles. Il y sera question d’amour et de mystification, mais aussi de l’éternel combat entre réalité subjective et vérité scientifique. Bienvenue dans l’univers enchanteur autant qu’humoristique de Woody Allen, passé maître dans l’art de débusquer nos contradictions. C’est l’époque où certaines personnes, effrayées par le train de l’industrialisation et les progrès rapides de la science, aspirent à un «renouveau de la vie intérieure», ceci sous la houlette de «réformateurs de vie» à la tête de mouvements «naturistes» (on se souvient des expériences, entre autres de spiritisme, de la petite communauté du Monte Verità à Ascona où Mary Wigmann libérait son corps et son esprit dans ses performances de «Hexentanz» et des séances d’hypnose menées par Emile Magnin sur la personne de Magdeleine Guipet pour la soulager de ses migraines). Parmi de nombreux réformateurs sincères se sont aventurés quelques imposteurs. Mais voyez plutôt.

PERSONNE NE PEUT DUPER Stanley (excellent Colin Firth), magicien atrabilaire jouant les enchanteurs dans le Berlin de 1928 mais néanmoins homme on ne peut plus rationnel. C’est avec cette conviction que son ami et collègue Howard (Simon Mc Burney) vient le trouver. Il souhaite en effet que Stanley l’aide à démasquer Sophie Baker (époustouflante Emma Stone en medium), une jeune (et par ailleurs fort séduisante) personne qui prétend entrer en contact avec les morts au cours d’expériences de spiritisme. Mis au défi, Stanley se rend avec Howard sur la « French riviera » où miss Baker sévit, secondée par sa mère qui soutire habilement de l’argent à la riche famille Catledge. Très sarcastique et suspicieux au départ, Stanley assiste à une séance de convocation du monde des esprits et se laisse peu à peu convaincre par le don extralucide de Sophie. Il éprouve alors un bonheur fou à réaliser qu’il y a plus de mystère et de magie sur terre qu’il ne le croyait. Sophie, qui a pris goût à la grande vie avec Brice Catledge (Hamish Linkater), son prétendant transi qui lui chante à longueur de temps son amour sur son ukulélé, saura-t-elle tomber le masque pour le très misanthrope mais jamais ennuyeux Stanley? Même si la fin est assez prédictible, contrariant les discours tenus dans le film sur la magnifique nature imprévisible de l’homme, on passe un sacré bon moment, ne serait-ce qu’à rire du grincheux qui s’est laissé embobiner et à comprendre comment.
VL 4.12.2014