→ LIVRES/IDÉES

LE GRAND DÉTOURNEMENT

le grand détournement

 

 


RETROUVER LE SENS DES MOTS ... POUR PROTÉGER LA DÉMOCARTIE

Texte:  Laurence Hainault Aggeler


Cofondatrice du mouvement citoyen Viv(r)e la République, ex-secrétaire nationale du MRC en charge de l’Éducation, Fatiha Agag-Boudjahlat vit à Toulouse où elle enseigne au niveau secondaire.

Son livre est paru en novembre 2017, éditions du Cerf.


→ PRINT


Fatiha Agag-Boudjahlat
«Égalité, laïcité, droit, justice, tolérance… tant de mots, qu’on croyait universels, sont chaque jour détournés de leur sens. Les responsables de cet assaut porté à la langue française? Les communautaristes de toutes obédiences.» Pour décrypter leurs méthodes, Fatiha Agag Boudjhalat  présente un «ouvrage de réflexion compatriote et citoyenne». Elisabeth Badinter salue «le courage intellectuel d’une analyse rigoureuse» dont voici les thèmes principaux.

MULTICULTURALISME OU MULTI CULTURALITÉ
Selon Fatiha Agag-Boudjahlat, nombre d’indigénistes veulent que la diversité culturelle soit reconnue par la loi au point d’accepter d’autres systèmes législatifs confessionnels (tribunaux de la charia, tribunaux rabbiniques, etc.). Or ces systèmes communautaires finissent par prévaloir sur la législation nationale. La multi culturalité se transforme insidieusement en multiculturalisme identitaire et menace la légitimité du droit français. Lorsque les tribunaux démocratiques sont présentés comme un système créé par les Blancs pour leur entier bénéfice, le discours ethnico-politique est rattrapé par le religieux. Place à la théocratie.

«VOUS ÊTES CHEZ VOUS EN FRANCE, N'Y METTEZ PAS LE FEU!» 
Fatiha Agag-Boudjhalat  alerte ses élèves. Pourquoi considérer la République comme «ce guichet éternellement débiteur d’un passé colonial où les allocations deviennent des prestations compensatoires»? Pourquoi refuser à la France l’affection que l’on affiche pour son pays d’origine? Le patriotisme pour la nation où l’on vit se retrouve criminalisé, celui pour le pays dans lequel on part en vacances, légitimé. Résultat: un conflit de loyautés entre pays, foi et identités déchire les plus jeunes. 
L’auteur dénonce «les bourgeois pénitents» qui soulagent leur conscience. Comme ils défendent les enfants d’immigrés en préférant un discours de race et de religion au discours de classe, un dangereux glissement sémantique détourne le terme de patriotisme et légitime des pratiques condamnables.

LE VOILE, RÉPRESSION EN ORIENT, LIBÉRATION EN FRANCE!
L’écrivain dénonce aussi un autre paradoxe: certaines féministes occidentales défendent le foulard en tant que signe identitaire respectable. Or, en Orient, ce même foulard représente la soumission et provoque la révolte d’autres féministes. Comment ce qui oppresse les femmes ailleurs pourrait-il les libérer ici? Ce qui est bon pour les Françaises chrétiennes ne le serait pas pour les Françaises musulmanes? Les femmes deviennent les récipiendaires de l’honneur des hommes, les représentantes du triptyque vertueux: modestie, pudeur, virginité; la coutume permet encore une fois à la religion d’intervenir dans le droit.

DU CULTUEL AU CULTUREL
L’essayiste rappelle alors que la religion est un choix, contrairement à la couleur de la peau imposée par la nature. Si un détournement notoire donne à la religion un statut culturel par nature, cela entraîne une construction communautaire du consentement. Conséquence: le port du voile, l’excision, sont vendus par les religieux comme un signe de revendication et les femmes fidèles à leur religion deviennent les propres agents de leur aliénation.

PROTÉGER LA DÉMOCRATIE
Quand Fatiha Agag Boudjhalat dénonce ces stratagèmes d’une manipulation de masse, elle se fait insulter, traiter de «collabeurette», de «négresse de maison», de «traîtresse». Pourtant sa loyauté s’attache à une éthique personnelle. Elle défend la laïcité sans la fétichiser et lutte contre l’indifférence vis-à-vis de «ces constructeurs d’intolérance, défenseurs de l’indéfendable».
Selon elle, retrouver le sens profond des mots revient à se battre pour des valeurs communes, véhiculées par une autorité politique légitime et reconnue. Il s’agit non seulement de protéger la langue française, mais bel et bien la démocratie!
(LHA 27/10/2018)