→ SCÈNES

L'IMPORTANCE D'ÊTRE CONSTANT

Par le Aaretheatre

DU 30 MARS AU 7 AVRIL 2019

• ECOLE CANTONALE, BERNE



Ecole cantonale de langue française de Berne
www.aaretheatre.ch

Sa 30.03 à 19h, di 31.03 à 17h, ve 5.04 à 19h, sa 6.04 à 19h et di. 7.04 à 17h

Entrée gratuite


photo troupe 3© Bernadette Guenot

 

 

 


Dix bonnes raisons d’aller voir L’Importance d’être constant, «une comédie frivole pour gens sérieux» en trois actes d’Oscar Wilde (1895), jouée par Aaretheatre et mise en scène par Paul Pignat.

UNE COMEDIE CLASSIQUE A L’EPOQUE VICTORIENNE?
A priori, vous baillez. C’est compter sans l’humour dévastateur d’Oscar Wilde et sa charge contre la superficialité des mœurs. Mais reprenons. Soit deux amis célibataires que «seul le plaisir guide». Algernon (Jérémie Millot) et Jack (Vincent Laurent). Le premier est fauché mais appartient à la bonne société; l’autre touche des rentes substantielles mais n’a «pour toute famille» qu’«un terminus de gare». Jack est amoureux de Gwendoline (Blandine Guignier), cousine d’Algernon; Algernon, lui, en pince pour Cecily (Laura Périgaud), la pupille de Jack, au grand dam de ce dernier qui la cachait à la campagne. Lady Bracknell (la soussignée), tante d’Algy et mère de Gwendoline, s’oppose à une union de sa fille «avec un vestiaire», Jack ayant été trouvé, bébé, à une consigne de gare. Voilà pour les amours contrariées. Ajoutez à cela une gouvernante bigote (Christine Mühlemann), un révérend opportuniste très onctueux (Yves Seydoux), un majordome, Lane, qui déteste les couples mariés (Yari Maltese) et un autre, Merriman (Jean-François Perrochet) que même les câlins collectifs ne sauraient perturber et vous obtenez une comédie décalée au charme suave.

HUMOUR BRITISH ET LEGERETE DES MŒURS.
Pour rire, il faut bien sûr apprécier l’absurdité typically british d’Oscar Wilde. On citera juste: «j’ai un rendez-vous important qu’il faut absolument que je manque» ou «c’est la première fois de ma vie que je dois dire la vérité et je n’ai pas la moindre expérience en ce domaine». Sa charge contre les institutions est sans appel: la famille est un carcan («dire du mal de ma famille est la seule façon de la supporter»), le mariage des autres est démoralisant (soit les épouses flirtent avec leur mari, soit elles rajeunissent de 20 ans à leur mort), l’éducation «fort heureusement» ne sert à rien, il ne faut surtout pas apprendre aux filles à voir plus loin «que le bout de leur nez» et un homme sortant d’Oxford ne peut être hypocrite. Changer d’avis est tout à fait permis et même souhaitable, prétendre qu’on est débauché alors qu’on est vertueux est hypocrite (comprenez l’inverse), «faillir à ses engagements» est une règle à respecter, les démonstrations en public sont primordiales («j’espère que tu me regarderas toujours ainsi, surtout quand il y aura du monde»), moins on écrit de livres et plus on est «savant», une amitié se scelle au premier regard («c’est tellement gentil de votre part de m’aimer autant alors que nous ne connaissons pas encore»), les «premières impressions» sont sujettes à fluctuation («dans les sujets graves, ce n’est pas la sincérité mais la tournure qui compte») et, bien entendu, grâce à l’argent, une femme peut obtenir «un profil aristocratique». A contrario, quand on est désargenté mais lord, il suffit de «se comporter comme si on avait tout». Oui da, les temps changent, mais les gens qui vivent pour épater la galerie font encore couler beaucoup d’encre. Valérie Lobsiger