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LES ÎLES EN LITTÉRATURE

ile Plakat 10MB

ile 1

Isola Bella, Lac Majeur, carte postale
© Zentralbibliothek Zürich

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CYTHÈRE, TAHITI, CAPRI ET CE N'EST PAS FINI

Texte: Sandrine Charlot Zinsli


Museum Strauhof
Augustinergasse 9
CH-8001 Zürich
T +41 44 412 31 30
www.strauhof.ch

Horaires:
du mardi au vendredi, de 12h à 18h
samedi et dimanche, de 10h à 18h
fermé le lundi

Jusqu'au 7 septembre 2014


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Plonger dans l'univers insulaire avec ses méandres et ses courants, avec ses dramaturgies connues ou mystérieuses. Le Strauhof, une fois de plus, a su trouver un thème littéraire riche à explorer pendant tout l'été: l'exposition qui vient d'ouvrir ses portes le 18 juin est un fantastique point de départ pour nos longues rêveries estivales.

De nombreux auteurs n'ont pu résister à l'attrait de l'île comme matériau littéraire, voire philosophique. L'exposition les regroupe par grands thèmes: nostalgie du sud, univers merveilleux, utopie, terre de marins et de naufrages, univers carcéral, mort.

Parmi la multitude de destinations proposées, voici simplement quelques escales:

Laputa: Dans la satire utopique de Jonathan Swift (1667-1745), Gulliver passe par Laputa, une île volante qui ressemble étrangement à l'Angleterre, dont il caricature la société, notamment la classe dirigeante. Non loin de Laputa, l’ìle de Balnibarbi n'est pas sans rappeler l’Irlande. Il arrive au roi de Laputa de diriger son île au-dessus de sa voisine pour ... lui voler le soleil. Les habitants n'ont plus alors ni chaleur, ni lumière… Dans le même registre, l'exposition s'arrête sur «Utopia» de Thomas More ou encore «la Cité du soleil» de Tommaso Campanella.

Tahiti : A la recherche de la Terra Australis Incognita, Louis A. de Bougainville débarque à Tahiti en 1768. La beauté du lieu l’émerveille. Il y voit une nouvelle Cythère où l’amour est roi et l’attrait des belles indigènes irrésistible. Gauguin plus tard montrera dans ses tableaux et ses écrits la Tahiti exotique de ses rêves, assez éloignée de la réalité.

Capri : Si pour Bertold Brecht, Capri était une sorte de «maudite limonade bleue», l’île a fasciné Rilke, Fontane ou encore Malaparte. Difficile de ne pas penser à Brigitte Bardot dans «Le mépris», enroulée pieds nus dans son peignoir jaune sur le toit terrasse de la Villa Malaparte…

Plus près de nous, Ufenau. La plus grande île de Suisse se trouve sur le lac de Zurich. Dans les écrits d’Ulrich von Hutten, puis de C.F. Meyer, elle apparaît comme le dernier
refuge, une métaphore de la mort.

Enfin, l’île, c’est aussi l’isolement choisi ou imposé. Les prisonniers, bagnards et autres déportés sont légion de Sakhaline à la Guyane, de l’île d’If à la colonie pénitentiaire de Franz Kafka dans «Le Procés».

L’exposition donne à lire, à réfléchir mais aussi à voir. On reste par exemple longtemps devant la vidéo de l’artiste zurichoise Georgette Maag «Ungeklärte Ursache/causes inexpliquées». Tournée en Engadine, au Waldhaus, elle montre l’envers du décor et la beauté fragile du moment. C’est beau et fascinant. De manière plus générale, la scénographie est soignée et poétique. Il est probable que comme moi, vous ne repartirez pas sans une tendresse pour Iwan, le tigre, sorti pour quelques semaines du Musée d’histoire naturelle de Berne, et s’aventurant courageusement sur les terres du lion zurichois.