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PIPILOTTI RIST

 

Rist Im not the GirlPipilotti Rist, I‘m Not The Girl Who Misses Much, 1986 - Vidéo monocanal (video still)
© Pipilotti Rist, Courtesy the artist, Hauser & Wirth and Luhring AugustineRist Tu mich nicht nochmals verlassenPipilotti Rist, Tu mich nicht nochmals verlassen, 2015 - Installation vidéo - Vue d‘exposition Kunsthaus Zürich, 2016 - Photo: Lena Huber, Courtesy the artist, Hauser & Wirth and Luhring AugustineRist Die Unschuldige SammlungPipilotti Rist, Die Unschuldige Sammlung, 1985 - ca. 2032 (Work in Progress) - Installation avec du matériaux d’emballage non-imprimé divers
Vue d'exposition Kunsthaus Zürich, 2016
Photo: Lena Huber, Courtesy the artist, Hauser & Wirth and Luhring Augustine


ERRANCE JUBILATOIRE DANS UNE FORÊT DE PIXELS

Texte: Anne Fournier


«Dein Speichel ist mein Taucheranzug im Ozean des Schmerzes»
Jusqu'au 8 mai 2016
www.kunsthaus.ch

Production de la danseuse Eugénie Rebetez dans le cadre de cette exposition: 14 avril à 19 heures – 16 et 17 avril à 14 heures

Notre point d'info


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«Ta salive est ma combinaison de plongée dans l’océan de la douleur.» Un titre. Une invitation au voyage. Un cri aussi, intime. Alors vous poussez la porte, ou plutôt vous écartez les rideaux de la scène. Vous entrez, tournez la tête, cherchez peut-être et soudain, l’air de rien, vous retrouvez en arrêt. Une myriade de couleurs, d’objets dérobés à l’intimité de votre hôte et sur lesquels les images, les vidéos n’en finissent pas de galoper.

Que faire? Fermer les yeux ou s’incruster? Lever la tête ou chercher encore? Qu’importe, vous êtes libre. Mais en lévitation, comme sorti du monde, porté par des sons et des rayons fantaisistes.

Tout y est: un lit, une table de salon, un nécessaire de coiffure, un canapé, même les coquillages géants ramenés des dernières vacances. Vous restez? Il suffit de regarder, d’imaginer un peu. Simplement pour ressortir heureux; certainement. Avec un autre rythme, un autre sourire.

Bienvenue chez Pipilotti Rist. C’est une exposition, une rétrospective. Oui dans un musée, une institution.  En fait, on pourrait vous parler encore longtemps des dédales imaginaires que révèlent ces 1000 m2 d’un loft cossu. Sans parler d’œuvres exposées car ces œuvres se font, sont en train de se faire. Sans vous, elles tournent dans le vide. C’est sans doute aussi pour cela que la plume démange. On a vu, on veut écrire, raconter, re-vivre, re-sentir.

Pipilotti Rist est une artiste qui fait du bien, une artiste suisse mais dont le parcours et surtout la fantaisie ont décuplé les territoires. Née en 1962 dans le canton de Saint-Gall, à la frontière avec l’Autriche, elle se démarque par son talent de vidéaste dès la fin des années quatre-vingts. Elle filme, elle expérimente, elle se met en scène, elle brise les tabous les plus intimes.

Installée à Zurich, l’artiste se construit très vite une aura internationale. On la veut partout, ses vidéos colorent les palais de Venise. Ses videos colorent, ses vidéos revendiquent. Au-delà de la fantaisie c'est une peinture du monde sur-médiatisé, d'un monde où la féminité doit encore très souvent justifier sa raison d'être.

Pipilotti Rist est une artiste star, réclamée. Elle préfère échapper à la frénésie médiatique. «Ta salive est ma combinaison de plongée dans l’océan de la douleur.» Le Kunsthaus est devenue sa tanière. Dedans, dehors, avec des lumières, celles de trente ans de création, pour aboutir à une «Forêt de pixels» (Pixelwald), une œuvre pensée expressément pour cette rétrospective. Et d'abord là pour nous inciter à aimer les contours imparfaits du quotidien qui fait notre être, loin de la perfectible réalité télécommandée.
Perdez-vous. C'est un grand bonheur.