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SILS MARIA

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SILS MARIA

Texte: Françoise Bieri Hirlemann


Film de Olivier Assayas avec Juliette Binoche, au xenix du 20 au 22 février à 20h15 dans le cadre de la série consacrée à Kristin Stewart

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LA GRANDE QUESTION DU TEMPS QUI PASSE 
Vingt ans plus tôt, Maria Enders (Juliette Binoche) a connu le succès au théâtre en incarnant une jeune fille qui trouble Helena, une femme plus mûre, et la conduit au suicide. Maria Anders est maintenant une actrice adulée et elle hésite beaucoup à accepter la proposition de  reprendre cette pièce, mais dans le rôle d'Helena... Les premières images du film la montrent dans le train. Elle est accompagnée de son assistante personnelle, Valentine, une jeune femme dont la compétence se mesure à son habileté à jongler entre les appels incessants de deux téléphones portables. La connivence entre les deux femmes dépasse clairement la relation purement professionnelle. 

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Maria, déjà déstabilisée par la procédure de divorce qu’elle a entamée, et la perspective de jouer le rôle d’Helena, l’est encore plus en apprenant la mort de Wilhelm Melchior, l’auteur de la pièce. Par fidélité à son ami défunt, Maria décide finalement d’accepter le rôle qu’elle redoute.

Pour se préparer à la pièce, Valentine (interprétée par l’époustouflante Kristen Stewart) et Maria séjournent dans le chalet de Sils Maria où Melchior s’était retiré. Leur quotidien est fait de randonnées en montagne et de répétitions du texte. Malgré la différence d’âge et de statut, Valentine  ne cache pas son analyse et son avis sur ce texte qui interpelle Maria au plus profond. Un véritable boomerang pour Maria qui n’a vu ni le temps passer, ni l’époque changer. 

UNE  MÉTAPHORE ÉBLOUISSANTE

Le texte de la pièce est un véritable révélateur pour Maria. Elle résiste, refuse d’entendre les arguments de Valentine. Elle campe dans ses certitudes concernant son métier d’actrice et a du mal à revenir sur ses a priori, concernant notamment la starlette qui sera la jeune fille ambitieuse de la pièce. 

Les paysages d’automne de l’Engadine sont un cadre grandiose, à la fois apaisant dans les bois et inquiétant par leur immensité. Ils servent de contrepoint à cette confrontation entre le passé et le présent de l’actrice, entre la jeunesse de Valentine et l’âge de Maria, entre ses préjugés et la réalité. Surtout «Le serpent de Maloja», fascine Maria. Elle en connaît l’existence par un vieux film tourné en 1924 par Arnold Fanck. Elle redoute de voir vraiment cette rivière de nuages qui passent en cascades certains matins d’automne entre Sils Maria et Silvaplana. L’eau du torrent ne remonte pas à la source et la jeunesse, inexorablement, appartient au passé comme la vie. Une métaphore sublime du temps qui passe, de la vie qui change inexorablement. Que Maria le veuille ou non.

Juliette Binoche est l’actrice et en partie l’initiatrice de ce beau film qui pose la question profonde de la place des moins jeunes dans un monde qui change. Elle y est bouleversante de sincérité.