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LE CIEL PAR-DESSUS LE TOÎT

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LA POÈSIE DE NATACHA APPALLAH

Texte: Laurence Hainault Aggeler


Le livre a été en lice pour le Goncourt 2019.
Il est disponible à Zurich, à la librairie mille et deux feuilles.


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UNE ÉCRITURE POÉTIQUE d’une extraordinaire délicatesse, une intrigue esquissée et perceptible à la fois, trois enfermements: celui du jeune Loup dans la maison d’arrêt au calme ouaté, face à «ses pensées désordonnées, bruyantes, insensées», celui d’Eliette/Phénix dont l’existence a été entravée, celui de Pénélope éternellement nostalgique.

PHÉNIX AU COEUR FERMÉ
Trop de beauté trop tôt, entourée de trop d’admiration, cela fait plonger un être dans la solitude intérieure extrême. Tel est le cas de la ravissante Eliette, privée de toute intimité, exhibée à outrance par ses parents, princesse maquillée qui sourit et chante sur scène. Au creux du ventre de la petite fille-objet déguisée en femme, les émotions se nouent et la boule dure et douloureuse va éclater. Résultat: un cri strident, ininterrompu, libérateur. Tout s’arrête.
Le mal est fait. Eliette renaît sous le nom symbolique de Phénix, forte, nantie d’une «haute tolérance à la douleur». Mais son cœur reste fermé, incapable d’atteindre les autres. La vie passe. Ses enfants chétifs et peureux dépérissent par manque d’affection dans une demeure sinistre où le jardin n’est pas le seul endroit en friche. Sa fille, Pénélope, douce et résignée finit par s’échapper afin d’apprendre à respirer. Son fils, Loup, perdu entre le rêve et la réalité, survit difficilement à une névrose jusqu’au jour fatal où il tente de rejoindre sa sœur.

ÉMOTION
C’est à ce moment que le livre commence, en remontant dans le temps pour livrer le reste de l’histoire, avec une construction narrative fondée sur l’émotion. Lorsque la fugue tourne au drame, les liens se resserrent avec tant de douceur malencontreuse que «le ciel par-dessus le toit» semble presqu’inaccessible.

L.H.A. 12/2019