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QUESTIONS À MISCHA SCHIWOW

Mischa 434 280Le nouveau président est très francophile et a de grandes affinités avec la France où il a étudié et travaillé.

jonone1 280«Chacun peut le vérifier dans son quartier: partout des immeubles sont abattus, y compris certains qui auraient encore de beaux jours devant eux.»

Ici, le quartier de Seefeld, février 2021, photo: SCZ

 

 


LE TOUT NOUVEAU PRÉSIDENT DU PARLEMENT DE LA VILLE DE ZURICH ET SES ENGAGEMENTS

Questions: Sandrine Charlot Zinsli


Mischa Schiwow a été élu le 19 mai 2021 au poste de président du Parlement de la Ville avec 107 voix.

Dans son discours d'investiture il a cité son collègue de parti, l'auteur Willi Wottreng qui, dans son livre «Jenische Reise», écrit que « la patrie est là où nous aimons» («Heimat ist dort, wo man liebt»).
Pour Mischa Schiwow, c'est dans des pays tels que la France, l'Italie, la Colombie et bien sûr, la Suisse, qu'il se sent chez lui...

Quelques questions sur la fonction de président du Parlement, sur ses combats passés et à venir:
les logements accessibles en ville de Zurich,
le Vivre Ensemble,
le changement climatique,
la circulation douce.

Mais aussi la culture et ... le cinéma. 

Sans oublier pourquoi il parle si bien français!



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POUR LA PREMIÈRE FOIS UN MEMBRE DE L'ALTERNATIVE LISTE À LA TÊTE DU PARLEMENT ZURICHOIS

SCZ: Mischa Schiwow (MS), vous êtes le tout nouveau président du Parlement de la Ville de Zurich, et le premier «höchster Zürcher» à émaner de l'Alternative Liste. Comment se sent-on quand on débute dans cette fonction et en quoi consiste-t-elle?

MS: Je suis heureux d'accéder à cette fonction pour un parti qui a longtemps hésité à prendre cette responsabilité. Depuis que l'Alternative Liste est représentée au sein de l'exécutif avec le Municipal Richard Wolff, il a été logique d'accepter la présidence du conseil municipal qui échoit à tous les partis à tour de rôle. Cette fonction consiste à présider les réunions du parlement de 125 membres et à  représenter le Conseil municipal vers l'extérieur.

DES LOGEMENTS ACCESSIBLES
SCZ: Le marché immobilier au bord de la Limmat est l'un de vos chevaux de bataille de longue date. Pourquoi? Quels en sont les principaux enjeux?

MS: Depuis quelques années l'investissement de fonds importants dans le bâtiment et les logements - valeur refuge et source de revenus en temps d'intérêts bancaires négatifs - suscite une frénésie de rénovations et de démolitions d'immeubles pour laisser place à des appartements plus rentables. Chacun peut le vérifier dans son quartier: partout des immeubles sont abattus, y compris certains qui auraient encore de beaux jours devant eux. En résulte une crise du logement, notamment pour des personnes aux revenus les plus modestes. Ils sont gentiment poussés à trouver une solution ailleurs: dans la banlieue de Zurich ou plus loin encore, comme en Argovie. Je me bats depuis longtemps contre ce gâchis essentiellement dû à la recherche de profit et contraire aux intérêts des habitants qui sont souvent déstabilisés et déracinés par la perte de leur logement. Je me bats contre cette destruction d'immeubles d'habitation qui constitue également une atteinte aux buts climatiques, car la construction d'un bâtiment génère beaucoup d'émissions de CO2.
D'autre part, je m'engage aussi pour une augmentation de LA PART DES LOGEMENTS ACCESSIBLES: la population de Zurich a voté en 2011 une loi qui prévoit qu'un tiers des logements correspondent à ce segment en 2050. On en est loin!

ET PUIS: LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, LA MOBILITÉ DOUCE

SCZ: Mais quels sont les autres sujets sur lesquels vous aimeriez laisser une empreinte au cours de cette année?

MS: Je me battrai pour le VIVRE ENSEMBLE de toutes celles et tous ceux qui vivent à Zurich, qu'ils aient le passeport rouge ou non, qu'ils aient un permis de séjour ou pas, qu'ils soient enfants ou jeunes concernés par les décisions politiques. Parmi celles-ci, je pense notamment au CHANGEMENT CLIMATIQUE: nous sommes la dernière génération qui peut encore changer quelque chose en la matière, nos enfants et petits-enfants risquent de subir les conséquences de notre inactivité, si celle-ci devait perdurer. Je me bats donc pour la CIRCULATION DOUCE, à savoir les trajets à pied, à vélo, en transports publics... au détriment du trafic d'automobiles qu'ils soient à moteur de combustion ou électrique.

ET LA CULTURE?
SCZ: La  pandémie a mis à mal des secteurs entiers, et notamment le cinéma, votre domaine professionnel mais aussi votre passion. Peut-on  - à ce poste - avoir une influence sur la politique culturelle? Et êtes-vous confiant quant à l'avenir du secteur culturel?

MS: On peut en tout cas attirer l'attention sur les graves problèmes que rencontre la culture - même momentanément atténués par des mesures de compensation. Je suis confiant que la culture continuera à enthousiasmer les gens et qu'elle ne sera pas reléguée dans le monde virtuel. Mais il faudra faire attention, une fois la crise santaire passée, de ne pas abandonner les entreprises culturelles à leur sort sous prétexte que la situation est redevenue «normale».
Beaucoup d'entreprises et artistes sortent financièrement très affaiblis de cette épreuve et risquent la faillite ou le recours à l'aide sociale.

SCZ: La réouverture des salles montre-t-elle à Zurich aussi que les spectateurs ont envie de revenir dans les salles?

MS: Oui, effectivement, même si la limitation des places à un tiers de la jauge ou 50 places a sans doute freiné un peu le mouvement. En plus, peu de films vraiment nouveaux ont pu être sortis, car nos grands pays voisins n'ont pas encore (ou à peine) ouvert leurs cinémas. J'espère que le beau temps que nous attendons tous avec impatience ne dissuadera pas les gens à retourner dans les salles!

«JE ME SENS TRÈS PROCHE DE LA FRANCE»

SCZ: Pourquoi parlez-vous si bien français?

MS: J'ai fait mes études à Paris et suis resté à travailler en région parisienne pendant 15 ans. Je me sens toujours très proche de la France sans toutefois avoir la nationalité française.

Propos recueillis et publié le 22 mai 2021 _SCZ.