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LE TEMPS DES GRANDS CHANGEMENTS EST-IL ARRIVÉ OU DÉJÀ DÉPASSÉ?

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«LA RÉVOLUTION QUE L'ON ATTENDAIT EST ARRIVÉE»

Texte: Laurence Hainault Aggeler


Allons-nous changer de civilisation? Retrouver le goût de la campagne? Devenir des gens de quelque part?

Le livre sorti en mai 2021 est-il déjà un peu daté?

ISBN : 978-2-8159-4364-2

Jean Viard est sociologue et directeur de recherches CNRS au CEVIPOF, Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris.

Ce livre est l'un des essais dont il sera question le mercredi 29 septembre à 19h à la librairie mille et deux feuilles à Zurich dans le cadre de notre rencontre: Les livres qu'on M.
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Jean Viard veut ouvrir les esprits et lancer des initiatives. Son livre est un vaste projet de reconstruction écrit au fil de la plume. D’où les inévitables répétitions. Mais son analyse pragmatique a le mérite de s’adresser clairement aux citoyens, secteur par secteur, et de présenter des propositions concrètes aux responsables.

ACCÉLÉRER LES RÉFORMES ÉCOLOGIQUES
Dans une première partie, l’auteur observe. La pandémie vécue simultanément par 5 milliards d’humains a choisi de casser l’économie pour «sauver les vieux». Un événement inédit surtout que cet ébranlement a dépassé les frontières. En outre, l’apprentissage de la vie «non-conso», «non-déplacement» n'a-t-il pas joué en faveur d’un détonateur écologique qui devrait accélérer les réformes?

GARDER LE LIEN
D’après Jean Viard ces faits augurent d’un changement de civilisation évident. Comme les connexions entre les hommes ne passent plus par le pétrole, mais par le numérique, dont le succès est maintenant certain, chacun souhaite se réinstaller autour de son domicile et l’esprit des lieux se renforce. Avec l’avalanche subite de contraintes, de peurs, de ruptures, mais aussi de solidarités, chacun a pris conscience de l’importance du lien et veut continuer autrement.

RESTRUCTURER UNE NOUVELLE SOCIÉTÉ
L’auteur en tire des leçons concernant les réformes à venir dans la politique d’approvisionnement, le rôle des régions, l’organisation bureaucratique et publique. Il se pose des questions sur la place de la culture, du tourisme, de la science et de l’informatique et sur la restructuration d’une société fracturée.

SE RÉPARTIR AUTREMENT
«Réenchanter le territoire» devient une obligation qui passe surtout par une réflexion urbaine étant donné l’exode vers les campagnes. Suit tout un chapitre sur le reclassement social français avec une belle description des gens de nulle part, de ceux qui sont «à une heure de», soit en périphérie de Paris, de Nantes ou de Lyon. Ils ne correspondent plus à la répartition primaire-paysans, secondaires-ouvriers, tertiaires-bureaucrates ou bourgeois, surtout depuis que les immigrants brouillent les clivages issus de la révolution industrielle.

« RÉENRACINER LA DÉMOCRATIE»
Les propositions politiques sont alors très précises comme, entre autres, celles de donner deux voix à chaque citoyen pour voter où il travaille, d’élire des maires présidents des départements ruraux au suffrage direct, de créer un grand Paris pour renforcer les solidarités, de diviser le nombre des députés par deux, ou d’attribuer des logements sociaux en fonction de la proximité de l’emploi.

UTOPIES?
Jean Viard croit dans la fraternité planétaire, la mort d’un ultralibéralisme et l’arrivée d’un changement rapide pour éviter «le bug social». Comme son regard altruiste et positif en agace plus d’un, il nous interroge: «Durant cette crise, l’art de vivre n’a-t-il pas pris le pas sur l’art de produire et la vie humaine n’a-t-elle pas été élevée au rang de valeur supérieure à toute autre?»
LHA 09/21