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QU'EST-CE QUE LA MORT?

jonone1 280Le deuxième long-métrage de Lila Ribi s'intéresse à sa grand-mère, à la famille, à la mort et à l'au-delà, à la nature et à sa permanence. jonone2 280«La mort? Je laisse venir... On en reparlera quand on se rencontrera sur un petit nuage....» jonone3 280
Renoncer, se détacher, lâcher prise...
Immortels Lila mirrors 280Au-delà d'ici, qu'y a-t-il? Comment ne plus avoir peur de cela...

 


«LA MORT,  JE NE PENSE PAS À CELA, JE LAISSE VENIR...»

Texte: Sandrine Charlot Zinsli


Le film est sorti le 14 avril sur les écrans suisses-allemands.

Sortie prévue en mai en Suisse romande.

A signaler aussi la projection de Lugano en présence de la réalisatrice le 22 avril à 20h30 au Gran Rex

L'info dans notre agenda: ici


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Qu'est-ce que la mort? Comment garder le contact avec les personnes décédées qui nous sont chères? Ces questions taraudent la réalisatrice Lila Ribi depuis longtemps. Son film (Im)mortels montre la quête qui est la sienne, une recherche à la fois très personnelle et tout à fait universelle. C'est aussi et peut-être surtout un magnifique hommage à sa grand-mère, Greti.

LA FAMILLE
Pendant plus de dix ans, elle a filmé la vieille dame. D'abord dans sa maison des hauteurs du canton de Vaud d'où l'on aperçoit le lac de Neuchâtel, Greti nous apparaît indépendante, drôle, active, prête à livrer quelques informations sur la famille mais bien décidée à éluder en revanche tout ce qui a trait à la mort, notamment la sienne. «Après moi, le déluge!» dit-elle avec un brin de provocation. Mais lorsqu'il est question de son jardin, elle confie qu'elle «n'ose pas penser à son jardin sans elle». Un jardin qui finalement ne sera jamais sans elle, puisque ses cendres y seront enterrées sous le grand tilleul, à côté de celles de son fils, Luc, qui a une «drôle de tombe pour une drôle de famille». Un cimetière familial en forme de réconciliation ou de réparation posthumes...

LA VIEILLESSE
Nous assistons aussi aux renconcements successifs liés à l'âge. Greti conduit sa voiture pour la dernière fois, marche de plus en plus difficilement dans son jardin, réalise qu'elle perd son cerveau «en petits morceaux». Désormais en institution, elle confie que son «coeur est resté là-haut». L'arrivée à la maison de retraite est brutale, c'est l'un des moments les plus déchirants du film. Difficile de se détacher de tout et de se sentir chez soi, malgré les confitures dans le tiroir, sa tapisserie préférée au mur et les visites régulières de sa petite-fille. C'est un long processus avec plusieurs étapes, on pense aux travaux d'Élisabeth Kübler-Ross. Le film nous les montre toutes, même les plus délicates.

A QUI S'ADRESSER POUR EN SAVOIR PLUS?
Pour mieux comprendre la mort et l'au-delà, la réalisatrice a depuis longtemps cherché des réponse dans des livres, auprès de médecins (la conscience existe-t-elle en dehors du cerveau?), de philosophes, de psychologues spécialistes en soins palliatifs ou même de médiums. Elle est allée jusqu'à tenter les expériences psychédéliques. Tout ceci nourrit le film, l'enrichit, l'alourdit aussi peut-être.

LE SACRÉ
Des vols d'hirondelles ou de passereaux, une sauterelle sur un rosier, le vent dans les arbres, des flocons de neige qui tourbillonnent, le film est rythmé de ces images montrant la beauté de la nature mais aussi l'indicible et le cycle de la vie. Cela pourrait être kitsch. Mais c'est l'inverse. Cela permet d'ancrer cette quête personnelle dans un contexte plus large tout en insistant sur l'importance de chaque instant, la beauté du monde, le sacré, tout ce qui est immortel.

SCZ 18/04/2022