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MARTIN PROVOST FIILME À NOUVEAU LA PEINTURE

jonone1 280L'eau et le bain sont des sujets récurrents de la peinture, mais aussi du film. Dans chacun de leurs domiciles, les Bonnard ont fait aménager une salle de bain...

jonone2 280Les zones d'ombre demeurent... mais le couple résiste. Et partout, partout, ils cherchent la lumière... jonone3 280Toujours être précis, ne pas hésiter à retoucher encore et encore... même des années plus tard. 06 bonnardpierreetmarthe 280Même s'il a toujours fui les écoles, Pierre Bonnard était entouré d'amis et de collègues. 07 bonnardpierreetmarthe 280Un couple qui a aussi connu des difficultés. Mais dans lequel Marthe, la revêche, a toujours conservé une certaine aura. Elle est restée irremplaçable.
Il faudrait aussi montrer les chiens (souvent appelés Ubu) qui les ont accompagnés... et qui ont peut-être été des succédanés des enfants qu'ils n'ont pas eus.



LE MONDE DE PIERRE ET MARTHE BONNARD AU MUSÉE ET AU CINÉMA

Texte: Sandrine Charlot Zinsli


Le film est à voir sur les écrans suisses-allemands à partir du 22 août 2024.

Ici notre info dans l'agenda.

A écouter:
La critique du film et l'interview du réalisateur par Michel Sennhauser: où comment le film s'attarde sur le quotidien du peintre et de sa compagne pour mieux comprendre sa peinture:«Bonnard, Pierre & Marthe» von Martin Provost - Künste im Gespräch - SRF

A lire:
L'indolente, Françoise Cloarec

A visiter:
La collection du Kunsthaus Zh, il existe une sorte de petit cabinet Bonnard et une dizaine de toiles sont exposées
A Winterthur: un grand nombre de tableaux de Bonnard font partie de la collection.
Ici une petite visite en ligne: https://kmw.zetcom.net/de/collection/?f=relatedWorks_1384_Pierre+Bonnard


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UN PETIT CABINET BONNARD
De Bonnard à Zurich, nous connaissons une dizaine de toiles qui se trouvent dans la collection du Kunsthaus. Il y a notamment toute une petite salle dans l'ancien bâtiment Moser, comme un cabinet réservé, avec pour seul invité  Édouard Vuillard, le compagnon de toujours.
On y découvre le jardin du Cannet, la dernière résidence du couple dans le sud de la France, un portrait du marchand d'art Ambroise Vollard, bien installé dans un fauteuil, un chat sur les genoux, mais aussi Signac et ses amis sur un bateau, le port de St-Tropez ou un paysage d'orage... Dans «Soleil couchant», les couleurs explosent et la végétation y est tout autant en mouvement que les paysannes qui travaillent dans le champ. Toutes les teintes s'accordent entre elles et permettent d'entrer en harmonie avec la scène champêtre. On y sent combien l'attention portée par le peintre aux conditions atmosphériques et aux lumières qui en résultent.

A Winterthur, Bonnard est encore plus présent. Si l'ancienne Villa Flora est aussi riche en toiles de Pierre Bonnard, c'est notamment parce qu'une réelle amitié a lié le couple Marthe et Pierre et les collectionneurs Arthur et Hedy Hahnloser. (A lire: https://villaflora.kmw.ch/de/kunstobjekte/die-freundschaft-mit-pierre-bonnard/)

ET LE FILM DANS TOUT CELA? Basé en partie sur le livre de Françoise Cloarec «L'indolente», le film permet d'entrer dans l'univers des Bonnard en deux heures et d'assister à leur rencontre et à leur coup de foudre, de faire connaissance de certains de leurs proches, de Vuillard à Monnet, de sentir le caractère de plus en plus sauvage de Marthe, sa singularité, l'énigme qu'elle représente jusqu'à la fin. Sur la technique de peinture de Pierre, on retiendra son goût du travail minutieux, l'importance de ses carnets et de ses impressions emmagasinées et retranscrites avant d'être développées dans son atelier sur ses toiles, des retouches, des papiers accrochés au mur, de l'absence de chevalet. Que Marthe ait elle aussi peint, il en est finalement peu question. Elle apparaît plus comme la muse, le modèle, la compagne de plus en plus malade, un fardeau parfois lourd à porter mais essentiel à la création, jusqu'à la fin.

Ce film donne donc non seulement envie d'aller au musée, de feuilleter les catalogues d'exposition, mais il interroge aussi sur le couple et ce qui le fait durer.
Peut-être qu'il nous incite aussi à entraîner notre œil à chercher le beau dans le quotidien, à fixer dans notre cartable à émotions la fugacité du plaisir procuré par certains mariages de couleurs, le devoir de détecter les instants de bonheur, où qu'ils surviennent, et même si la mélancolie n'en est jamais très loin. 

SCZ_ Publié le 21 août 2024