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TOM À LA FERME

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jonone1 280Axel Arnault, Amandine Favier, Sébastien Pruvost - Photos Pascal Sigristjonone2 280Axel Arnaultjonone3 280Marie Burkhardt et Axel Arnault


QUAND LE THÉÂTRE FRAPPE JUSTE ET FORT

Texte: Martin Olszowik


Texte: Michel Marc Bouchard
Mise en scène: Olivier Sanquer
Comédiens: Axel Arnault, Marie Burkhardt, Amandine Favier, Sébastien Pruvost
Scénographie et costumes: Nacéo

Spectacle vu le 12 avril 2025, au Théâtre Stok

Dans le cadre du programme «Quel théâtre!? – Critique théâtrale» de l'Université de Zurich

Martin Olszowik est étudiant au Romanisches Seminar de l'Université de Zurich.

La pièce est présente au festival d'Avignon cet été.


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Tom, un jeune publicitaire montréalais, se rend dans une ferme éloignée et isolée pour assister aux funérailles de son amoureux, tué dans un accident de moto. Là, Tom rencontre Agathe, la mère de son amant, persuadée que Tom n'est qu'un ami de son fils. Tom fait aussi la connaissance de Francis, le grand frère du défunt qui est, lui, très au fait de la nature de leur relation.
Le samedi 12 avril 2025, j’ai eu la chance d’assister à une représentation de Tom à la ferme, mise en scène par la compagnie Nacéo, au Theater Stock de Zurich.

UN DÉCOR MINIMALISTE
C’était ma première expérience théâtrale et je dois dire que j’ai été agréablement surpris, je ne me suis pas ennuyé une seconde. Ce qui m’a
particulièrement frappé, c’est le choix d’un décor minimaliste. La scène était sobrement meublée de
quatre chaises, de deux paires de palettes empilées et d’une croix de Jésus suspendue au milieu. Cette
scénographie simple mais efficace transmet parfaitement le message de la pièce. Les éléments de la
scénographie ont été utilisés avec ingéniosité, donnant corps au monde évoqué dans le texte. Quant aux
costumes, ils étaient particulière-ment bien choisis et parvenaient à évoquer de manière réaliste
l’atmosphère rurale du Québec. Cependant, le maquillage de Sara, interprétée par Amandine Favier, m’a semblé un peu discret au regard de la dimension séductrice que le texte attribue au personnage. Un
maquillage légèrement plus accentué aurait peut-être permis de mieux faire ressortir cet aspect de son rôle.

LE JEU
Concernant le jeu des comédiens, il était tout simplement remarquable. Sébastien Pruvost, dans le rôle
de Tom, a su illustrer avec justesse l’évolution de son personnage, qui finit par incarner pour Agathe
une figure de substitution, celle du fils «perdu» (mort). Son interprétation était sensible et nuancée.
Axel Arnault a brillamment incarné Francis, en déployant toute la brutalité et la férocité que le rôle
exige. Il a parfaitement maîtrisé les scènes de tension physique, rendant son personnage aussi dérangeant
que fascinant. Marie Burkhardt, quant à elle, a offert une performance touchante dans le rôle d’Agathe. Elle a su exprimer avec justesse la douleur sourde de cette mère endeuillée, tout en rendant palpable le conflit latent qui l’oppose à son fils Francis. Amandine Favier, qui interprète Sara, a relevé avec brio le
défi d’entrer en scène après près de 50 minutes de représentation. Elle a su capter immédiatement
l’attention du public. Son choix d’adopter un accent francophone marquant, pour simuler une mauvaise maîtrise de l’anglais, était particulièrement judicieux. Ce choix mettait en valeur le décalage de son
personnage, étranger à la campagne et à ses codes. Elle incarne avec justesse une citadine parachutée
dans un monde qui n’est pas le sien

BIG THREE
On pourrait dire que Marie Burkhardt, Axel Arnault et Sébastien Pruvost forment un «Big Three» digne de LeBron James, Luka Dončić et Austin Reaves chez les Lakers de Los Angeles. Quant à Amandine Favier, elle joue le rôle d’un sixième homme solide, dans la veine d’un Lou Williams, décisive malgré une entrée tardive.

Pour conclure, la mise en scène d’Olivier Sanquier est sans conteste une réussite totale. Elle atteint une
belle harmonie entre décor, lumières, musique, costumes et jeu d’acteurs. Je ne regrette absolument pas d’avoir assisté à cette représentation, c’était une expérience forte et marquante.

Publié le 9 mai 2025