→ SCÈNES

CENDRES DE CAILLOUX

jonone1 280Axel Arnault - Photos Pascal Sigristjonone2 280Angélique Kern Ros et Rafaël Dejonghejonone3 280Angélique Kern Ros et Axel Arnault
Cybèle Cendres7Cybèle Zinsli
Cendre4
Cybèle Zinsli et Axel Arnault


DANS UN MONDE EN CENDRES, PEUT-ON FAIRE JAILLIR L'ÉTINCELLE?

Texte: Melike Tursun


Texte: Daniel Danis
Mise en scène: Olivier Sanquer
Comédiens: Angélique Kern Ros, Axel Arnault, Rafaël Dejonghe, Cybèle Zinsli
Scénographie et costumes: Nacéo

Vu au Theater Stok de Zurich, le 10 avril 2025 à 19h

Dans le cadre du programme «Quel théâtre!? – Critique théâtrale» de l'Université de Zurich

Melike Tursun est étudiante au Romanisches Seminar de l'Université de Zurich.


→ PRINT


UNE HISTOIRE POIGNANTE
Un décès fait se croiser les chemins de quatre personnages. Est-ce le destin ou une simple décision qui les réunit? Cette pièce de Daniel Danis est reprise par la compagnie franco-suisse Nacéo et arrive à Zürich avec son histoire poignante, interprétée par quatre fabuleux·ses comédien·ne·s: Axel Arnault, Rafaël Dejonghe, Angélique Kern Ros et Cybèle Zinsli.

Clermont s’est réfugié au cœur d’une maison à retaper, loin de tout, avec sa fille de onze ans, Pascale. Ensemble, ils tentent de survivre à l’absence, après la mort brutale de la mère. Le silence, la douleur, la rage: tout est là, tapi sous les gravats du passé.
Shirley débarque… Autrefois figure centrale d’une bande de jeunes du coin, elle veut secouer cet homme enfermé dans sa douleur. Avec elle, Coco, volatile, brûlant, prêt à tout faire sauter par amour pour elle. Quatre âmes froissées, quatre voix qui se croisent, s’évitent, s’embrasent. Dans un monde en cendres, peut-on encore faire jaillir des étincelles?

UN POÈME THÉÂTRAL
Cette mise en scène qui est en fait un poème théâtral, aborde les thématiques du deuil, du désir, de la mémoire et de la violence du réel. Une richesse symbolique transmise par une sobriété visuelle, laissant la place centrale à la voix.
Une maquette, deux palettes, trois chaises et quelques petits objets suffisent à l’équipe de Nacéo afin de faire voyager entre les scènes et laisser libre cours à l’imagination. Effectivement, c’est un décor épuré, mais parlant. Oh! Et une croix, placée judicieusement au fond, tout en haut. Tantôt à la maison, tantôt dans un bar, tantôt dans une voiture… Le public se laisse porter par les comédien·ne·s. Les costumes sont eux aussi très simples, peut-être trop simples; mais au fond, ont-ils vraiment une importance? Puisque l’abondance de la couleur noire va de pair avec le deuil traversé par Clermont et sa fille Pascale.

DES PERSONNAGES INCARNÉS
Parmi les artistes, la jeune Cybèle Zinsli ressort par sa capacité à jongler entre les rôles. Elle ne joue pas: elle incarne. Chaque moment sur scène donne le sentiment qu’elle vit pleinement ce que traverse son personnage. N’oublions pas Rafaël Dejonghe qui incarne avec justesse l’incompréhension, la jalousie et l’amour platonique que son personnage éprouve pour Sherley. Dans l’ensemble, l’équipe était en parfaite harmonie.

Avant d’aller voir la représentation, on pourrait s’attendre à beaucoup de drame et de musique. Cette version proposée par l’équipe Nacéo étonne par sa retenue musicale, loin de toute surcharge sonore. Quant à l’aspect dramatique, aucune larme n’a coulé bien que le destin poignant de Clermont, joué par Axel Arnault, donne des frissons. D’autres surprises attendent encore le spectateur! Bref, cette pièce est une proposition marquante, à recommander surtout pour la force de son récit et la qualité du jeu des comédien·ne·s, plus que pour l’aspect visuel des costumes ou du décor. On y perçoit un univers teinté de français québécois, parfois familier, parfois poétique.

Publié le 9 mai 2025