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LE GRAND BAIN

grandbain poster de

03 grandbainA la recherche de l'équilibre et de la... grâce. 07 grandbain 28002 grandbain«Je suis fière de toi!»


UNE COMÉDIE TOUCHANTE ET MÉLANCOLIQUE

Texte: Sandrine Charlot


Un film de Gilles Lellouche, France, 2018, 112'

Avec:
Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoit Poelvoorde, Virginie Efira, Leïla Bekhti, Jean-Hugues Anglade, Philippe Katerine, Marina Foïs, Felix Moati

En salles en Suisse alémanique à partir du 27 juin 2019

Au Lunchkino à Zurich du 20 au 25 juin


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Donald Trump considérerait peut-être qu'il s'agit d'une bande de «losers». Et il est vrai que ces huit hommes et leurs deux entraîneuses  ont tous perdu quelque chose. Leur queue de sirènes? Leurs ailerons d'«hommes-dauphins»? Certains de leurs rêves ou de leurs illusions?

Ces désenchantés ont tous un peu de mal à rester debout dans ce monde souvent dur et hypocrite. La natation synchronisée les sauve. Chacun leur tour, ils se jettent à l'eau sans s'inquiéter de l'incompréhension ou des moqueries de leur entourage. «Ils sont là pour le plaisir avant tout». Ils retrouvent dans cette discipline une certaine hygiène de vie, un esprit d'équipe qui va plus loin que la simple camaraderie et même... la grâce.

Gilles Lelouche signe là une comédie mélancolique et touchante comme on en a rarement vu. Thierry, merveilleusement interprété par Philippe Katerine, donne le ton doux-amer, fantaisiste, tendre, décalé. Les héros ne sont pas bronzés, ils ont des poils sur la poitrine, peut-être quelques bourrelets, et surtout un infini besoin d'être écoutés. Loin des regards de commisération et de toute cette comédie des apparences à laquelle les autres se plient, ils s'allongent dans le sauna après la natation et se racontent. Il n'y a personne pour les trouver ridicules. Et même Bertrand (Mathieu Amalric) parvient à retrouver du pep, voire à croiser plus dépressif que lui. Ils ne sont pas amis, juste membres d'une même équipe avec un projet commun.

C'est un film choral qui rassemble des individualités, chaque personnages a une histoire et un caractère. Thierry qui travaille à la piscine municipale se demande «à quoi je sers moi? A ranger des bouées?», quand il découvre que l'ordinateur règle tout de la composition chimique des bassins. Le rockeur (Jean-Luc Anglade) n'a jamais réalisé que des CD autoproduits et sa fille adolescente lui assène: «T'es pas David Bowie, Papa!».
Marcus (Benoît Poelvoorde) a beau avoir la tchatche, il n'est jamais devenu un Golden Boy à la Michael Douglas dans Wall Street... Et ainsi de suite.

Mais les femmes sont là pour redresser la barre, elles tiennent plutôt mieux le coup. C'est grâce à elles (et à l'amour de l'épouse, la hargne de l'entraîneuse et les lectures de l'autre sportive) qu'ils vont sortir la tête de l'eau et resplendir - un court moment - sous le feu des jeux de lumière.

(SCZ 04/06/2019)