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AMANDA

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AMANDA Photo 1 c Nord Ouest FIlms

AMANDA UNE COULEURS

 


DU CHAGRIN, BEAUCOUP DE TENDRESSE, PAS MAL DE DÉBROUILLE

Texte: Laurence Hainaut Aggeler


Un film de Mikhaël Hers, France, 2018, 1h47.

Avec:
Vincent Lacoste, Isaure Multrier, Stacy Martine

Sur les écrans suisses-alémanIques à partir du 6 juin 2019

A Zurich: ici


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Si la haine et l’injustice bouleversent l’existence d’un seul coup, comment réagir? Le réalisateur de ce film, Mikhaël Hers, ne propose a priori aucune solution, ne juge personne. Il observe les résilients qui maîtrisent la douleur et nous épargne les scènes classiques de violence en action. Une manière subtile de rester au cœur du chagrin sans tomber dans la sensiblerie.

MARCHER CÔTE À CÔTE
L’histoire: David (Vincent Lacoste) insouciant et tranquille est très proche de sa sœur Sandrine (Ophélia Kolb). Cette mère célibataire vit en parfaite harmonie avec sa fille, Amanda. Tous trois profitent de l’été radieux dans un Paris en fête. Mais un beau soir de piquenique entre copains, la jeune femme est abattue au milieu d’un parc, victime d’un attentat. Tout s’écroule. David annonce le drame le plus sobrement possible à la petite Amanda. Les sanglots les étouffent, puis l’oncle et la nièce décident de marcher côte à côte. À 24 ans la responsabilité est-elle trop lourde? À sept ans le chagrin est-il supportable? Peu de soutien les entoure. Une tante affectueuse, blottie dans son appartement cossu va les dépanner sans vouloir s'investir outre mesure. Une grand-mère lointaine donne un vague espoir. Un couple d’amis propose un coup de main, mais eux aussi ont été blessés par les terroristes. Bref, il faut se débrouiller seuls.

UNE RÉSISTANCE TÊTUE
David n’a pas de voiture, il vit de petits boulots et son existence légère, irresponsable est passablement décousue. Les premiers temps vont se révéler difficiles à pédaler dans Paris afin d’assumer les démarches administratives entre deux engagements professionnels, d’emmener Amanda à l’école ou chez sa tante, de se promener parfois, histoire de se vider la tête. Assise à califourchon sur le porte-bagages, la petite fille comprend, s’accommode de la situation avec une résistance têtue. Elle craque de temps en temps, mais force toujours le respect. Dans la dernière scène magistralement interprétée par la très jeune Isaure Multier, tout est suggéré sans emphase. Amanda et David souriront devant ce drôle d’avenir commun.

UN NOUVEAU TISSU SOCIAL
Par le biais d’un sujet hautement inflammable, Mikhaël Hers parle d’une époque où la jeunesse lutte d’une façon douce et déterminée. La débrouille, la générosité, les sentiments pudiques, la volonté de se reconstruire, le courage encore et toujours, constituent la trame nouvelle d’un tissu social solide.

Voici une histoire triste, mais jamais désespérée, émaillée d’un grand nombre de moments tendres, de réflexions justes, d’attitudes cohérentes. Au bout du compte, ce film offre le spectacle d’un vivre ensemble assez rassurant.

L.H.A 26/06/2019

À lire sur le même sujet, «Vous n’aurez pas ma haine», d’Antoine Leiris.