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LA SÉPARATION DES TRACES

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UN BEL ESSAI TRÈS PERSONNEL SUR LE CINÉMA ET LA MARCHE DU MONDE

Texte: Sandrine Charlot


La séparation des traces, de Francis Reusser (CH, 2018, ), 1h13.

Le film avait été présenté au Kosmos le 24 février 2019 en présence du réalisateur et de son fils

Il le sera au Filmpodium le vendredi 3 janvier à 18h15, le dimanche 12 janvier à 15h, le jeudi 16 à 20h45 et le mercredi 12 février 2020 à 15h.
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Ici tous les films présentés dans le cadre de cet hommage


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«La séparation des traces», réalisé avec son fils, Jean, l’année dernière, est le plus jeune film de Francis Reusser. C'est l'un des films présenté en janvier-février au Filmpodium dans le cadre d'un petit hommage à ce cinéaste suisse hors du commun.

Dès le début, on le sait, on le sent, il s’agit d’un film très personnel et extrêmement littéraire. Et on est instantanément séduit par ce qui est à la fois un essai sur le cinéma, un journal intime, une réflexion sur la filiation et sur l’évolution du monde. Le réalisateur s’y dévoile, et derrière une effronterie apparente ou un sens de la provocation qui fait du bien, on saisit la pudeur de l’homme, sa sensibilité, son inlassable énergie à vouloir changer le monde quand celui-ci ne tourne pas rond. C’est très écrit, très ressenti et très réfléchi. De ses origines à Heiligenschwendi dans le canton de Berne à ses pérégrinations jusqu’à l’Estaque de Cézanne, nous le suivons dans ces zigzags et ses voyages dans le temps, dans les correspondances entre les disciplines et les arts qu’il nous donne à voir, dans la matière qui l’a nourri.

Pour illustrer ses propos, il extrait de ses archives des scènes de cinéma inattendues et parfois non utilisées. Ainsi, celle-ci qui aurait pu ou dû être dans « Derborence » et qui montre un homme nu et maigre, barbouillé de couleur brune, qui s’accroche à des roches. Il donne aussi peut-être la clef de certaines de ses souffrances. Une courte scène montre une magnifique photo d’une jeune femme qui s’accroche à une paroi montagneuse. C’est sa mère qu’il n’a pas connue.

Tout le film a un fil rouge révélé par le titre en français: Que gardent les enfants de leurs parents, dans quelles traces se glissent-ils et quand doivent-ils suivre leur propre chemin? Mais surtout, plus généralement, quelles traces laissons-nous ?

Plusieurs scènes de «Seuls» sont citées, ce film réalisé en 1981 et sélectionné alors pour la Quinzaine de la critique et qui vient d’être numérisé. La plongée dans les yeux bleus délavés de Nils Arestrup jeune est énigmatique, donne terriblement envie d’en savoir plus. De façon générale, le film incite à aller plus loin dans la découverte de ce réalisateur, en se disant que la nouvelle directrice du Festival de Locarno avait raison de le citer l’autre jour au Musée national parmi les cinéastes suisses qui l’avaient le plus marquée. A découvrir donc également: Le grand soir, Derborence, La guerre dans le Haut Pays!