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POÈME DU MOIÇADONCQUE

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UNE AUTO-FICTION EN CRÉOLE CORRÉZIEN

Texte: Sandrine Charlot Zinsli


Poème du Moiçadoncque
Autofiction en créole corrézien
De Marie-Christine Büchi-Jabiolle, 2020

Le livre peut être acheté à la librairie mille et deux feuilles à Zurich


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L'INVENTION D'UNE LANGUE COMME UN ACTE D'INSOUMISSION

Certaines langues ou patois disparaissent, à force de n'être plus utilisés, transmis, enseignés et surtout reconnus. Marie-Christine Büchi-Jabiolle nous livre ici un poème joyeux et vif dans une langue qu'elle a créée, non pas de toutes pièces, mais en se nourrissant des mots et des sons de son enfance, du patois occitan de ses grands-parents et surtout par esprit de résistance à l'uniformisation linguistique. 

C'est avec jubilation qu'elle fait entendre «son» créole corrézien dans un poème ou une auto-fiction d'une centaine de pages qui doit se lire à voix haute et oreilles grandes ouvertes:
«dans le bel été en gestance de l'an 1957
mon paternel ma matrice et moiçadonque
s'en retournâtent dans les basses terres
dans une quatre chevaux verte et jolie
en très grande bringuebale sur les routes de jadis
c'étions pas petit brin de voyage que ce voyage-là...»

L'auteure qui vit depuis plusieurs décennies à Zurich et travaille à la Haute école pédagogique retrouve son enfance à Brive-la-Gaillarde, mai 68, l'arrivée des parisiens, les vacances à la mer... Mais surtout elle nous fait comprendre et entendre la vitalité et la beauté de son créole.
Ce faisant, elle donne à son récit une dimension qui dépasse son histoire et sa diglossie personnelles. Ses objectifs? Faire se délier la langue d'autres moiçadoncques en puissance et surtout envoyer aux orties le complexe de honte langagière.

En s'affranchissant des règles de grammaire, en malmenant la syntaxe, en brouillant le vocabulaire, elle fait acte ludique d'insoumission et rend publique la langue que certains d'entre nous gardons bien cachée.

(SCZ - 27/05/2020)