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CANOËS

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RÉCIT POLYPHONIQUE DE MAYLIS DE KÉRANGAL

Texte: Laurence Hainault Aggeler


L'auteure a déjà publié
«Corniche Kennedy» (2008),
«Naissance d’un pont» (2010),
«Réparer les vivants» (2014),
«Un monde à portée de main» (2018).

Canoës, (2021): collection Verticales, Gallimard

L'auteure est invitée  le 14 septembre 2022 à Zurich, à 19h30 par le Literarischer Klub
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SAVOIR TENIR
Les récits s‘entremêlent et se complètent selon un jeu d’impressions croisées. «Solitaires, rêveuses, volubiles, hantées ou marginales», plusieurs femmes à la dérive s’imprègnent d’émotions positives ou négatives pour souffrir ou s’extasier. Mais du canoë, cette embarcation souple et résistante, elles possèdent la force de savoir tenir.

LA VOITURE REFUGE
Dans le récit central «Mustang», une Européenne «cabrée, réfractaire» se retrouve dans un Colorado trop américain. Elle peine à se couler dans ce pays aux routes à quatre voies sans transport public. Dans les villes «quadrillées selon une logique cadastrale», il lui manque le bruit: «les aboiements d’un chien, les pleurs d’un bébé, le sifflement d’une cocotte-minute…». Ce genre de détail infime fait la différence, accentue le déracinement. Heureusement un air de blues réconfortant remplit la voiture-refuge. Instrument de liberté, elle propulse la jeune femme à travers les paysages sublimes. Puis surviennent les rencontres, la compréhension progressive d’un autre univers auquel elle saura s’attacher.

SUIVENT D'AUTRES MOMENTS DE VIE
Une confrontation entre un père et sa fille, pour une petite phrase disparue glissée dans un répondeur, comme «un oiseau léger», à travers plusieurs nouvelles sur l’émancipation, le chaos, l’amour maternel ou le regard des autres, Maylis de Kerandal évoque les situations pour les rattraper au gré d’une écriture qui nous enveloppe jusqu’au fond de l’âme.

UN MONDE VOCAL
Le fil conducteur décline le thème des voix: celles du mari, d’une dentiste, d’une amie chère, d’un enregistrement. Comme les empreintes digitales, ces voix caractérisent chaque individu. D’ailleurs sur la couverture du livre, une illustration figure les ondes sonores, dans un fin dégradé de couleurs chaudes sur fond bleu. Elles correspondent à ce que l’auteur appelle «un monde vocal, empli d’échos, de vibrations, de traces rémanentes». Son monde. Puis le nôtre.

Publié le 23 juin 2022