→ LIVRES/IDÉES

JACARANDA

jonone1 280

ARBRE FÉTICHE, ARBRE REFUGE, ARBRE MÉMOIRE?

 


COMMENT SE RECONSTRUIRE APRÈS LE GÉNOCIDE?

Texte: Laurence Hainault Aggeler


C'est l'un des livres dont il sera question lors de notre discussion publique du 22 octobre de 19h à 20h30 :

Les livres qu'on M: Le Choix Goncourt de la Suisse : En savoir plus
Entrée libre, pas de réservation nécessaire

Le livre sorti chez Grasset en août 2024 figure sur la première sélection du Goncourt, c'est l'un des grands succès de librairie actuellement.


→ PRINT


LE BESOIN DE COMPRENDRE
Milan (ou est-ce Gaël?) est franco-rwandais. La famille tutsie de sa mère réside encore au pays. Pendant son adolescence, Claude, un soi-disant neveu, blessé et traumatisé par les massacres de 94 est provisoirement hébergé par ses parents, puis renvoyé chez sa grand-mère au Rwanda malgré les protestations de Milan. Le jeune homme n’aura de cesse de le retrouver et de comprendre l’histoire cachée derrière le silence du rejet et le besoin d’oubli.

ÉVACUER LES TRAUMATISMES
Lors d’un premier voyage, le monde qu’il découvre déconcerte l’enfant habitué aux étés à l’île de Ré; mais Claude sait l’inclure dans le cercle de ses amis, l’entraîner dans les fêtes débridées ou au spectacle des exécutions, deux exutoires nécessaires pour évacuer les traumatismes. Milan retournera encore et encore au Rwanda pour s’y perdre puis s’y retrouver. Il s’attachera à la petite Stella perchée dans le jacaranda, l’arbre fétiche où se réfugient les esprits des  martyrisés disparus.

L’IMPORTANCE DE LA MÉMOIRE
La trame simple du roman est coupée par de longs témoignages sur l’horreur de la sauvagerie gratuite, et aussi la nécessité du pardon malgré les actes irréparables et l’injustice meurtrière. Il est question de l’importance de la mémoire, du besoin de connaître ses origines pour parvenir à se reconstruire, de l’impossibilité parfois de se raconter, d’une paix retrouvée sur les rives d’un lac.

UNE POÉSIE SUGGESTIVE
L’écriture préserve les sonorités, le rythme et elle véhicule un envoûtement propre à la poésie quand elle évoque, suggère, imprègne les âmes. Sans doute les qualités du chanteur et musicien Gaël Faye y sont-elles pour quelque chose. Ce roman nous laisse la gorge serrée et l’esprit rempli de problèmes insolubles.

L.H.A 09/2024

Publié le 27 septembre 2024