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«FELIS SILVESTRIS»
UN PREMIER ROMAN D'ANOUK LEJCZYK: «LIBRE À VOUS DE NE VOUS SENTIR BIEN NULLE PART ET DE CONTINUER À CHERCHER...»
Texte: Laurence Hainault Aggeler
Un premier roman réussi ressemble à un premier amour: intense et parfaitement authentique. Tel est le cas de «Felis Silvestris», un livre à la couverture veloutée qui «nous plonge, le temps d’un hiver, dans une histoire intime et sensible, explorant notre imaginaire et nos inquiétudes face à des choix de vie qui nous effraient, autant qu’ils nous fascinent».
Paru en janvier 2022 aux éditions du panseur
C'est l'un des Livres qu'on M qui sera présenté le jeudi 16 juin 2022 à 19h à la librairie mille et deux feuilles à Zurich.
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LA SORORITÉ, JEU DE MIROIR
Deux sœurs racontent un bout de vie. L’une commente l’expérience de l’autre dont la voix intérieure constitue la trame du récit. Le lecteur est entraîné dans une alternance narrative déroutante où l’énoncé des faits et des jugements entourent leurs errances introspectives.
SE RECONSTRUIRE
La jeune femme a longtemps cru que «les bonnes notes de l’école républicaine la conduiraient droit vers un bonheur simple» mais «elle n’a pas trouvé dans quelle case se ranger». Elle a donc patiemment attendu «que tout s’écroule et se reconstruise en unités séparées». Puis elle est partie chercher de nouveaux repères dans un monde frugal centré sur l’essentiel.
UNE FORÊT À PROTÉGER
Comme tous les résistants, elle s’est choisi un pseudonyme, «Felis Silvestris», le nom d’un chat sauvage et joyeux, pour rejoindre un groupe de naturalistes au milieu des arbres encore debout. En prouvant l’existence d’animaux rares, les zadistes ont fait basculer le destin d’une forêt protégée maintenant de l’abattage. Ils y ont installé leurs refuges: une cabane haut perchée, un campement près du ruisseau…
Chacun lutte en solitaire pour la survie des pourvoyeurs d’oxygène. On se réunit parfois, mais la communication reste limitée afin de ne pas ralentir l’action.
LA LOUVE, LE GÉANT ET LA GRENOUILLE
Certains caractères semblent sortir d’un conte: la Louve «avec son regard fixe, sa posture droite, son couteau accroché à la ceinture et cette pâleur épaisse, à l’éclat rugueux», rehaussée par une longue tresse noire. Ou encore le Géant qui fait vibrer les grosses basses d’un instrument indéfinissable pour accompagner une voix grave ou éraillée. Sans oublier la Grenouille au crâne rasé, toujours prête à rire en rentrant son menton. Avec eux, Felis reprend des forces.
QUESTIONS-RÉPONSES
Régulièrement, une page blanche pose la question récurrente: «Et ta sœur, elle en est où, elle fait quoi?». Chaque réponse marque une fin de non-recevoir: « Oh ma sœur, elle prend de la hauteur… elle se réoriente… elle prend son temps… elle canalise son énergie… elle s’endurcit… elle affûte ses armes…». Car il faut bien rejeter la pression sociale.
LIBRE À VOUS
«Chacun fait ce qu’il peut avec ce qu’il a». Tout se termine sur une pièce de théâtre et une dernière consigne: «Libre à vous de ne vous sentir bien nulle part et de continuer à chercher. Je vous ai livré une histoire, faites-la résonner».
L.H.A _ Publié le 29 mai 2022
