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OUISTREHAM
«C'est Pôle Emploi qui m'a proposé de devenir femme de ménage. Tout s'est passé très vite, sans que je m'en rende vraiment compte...»
Une solidarité d'équipe...
Se dépêcher de saisir au vol les rares distractions...
COMMENT RENDRE COMPTE DE LA DURETÉ DE CERTAINS MÉTIERS?
Texte: Laurence Hainault Aggeler
« Ouistreham »
Troisième film d‘ Emmanuel Carrère librement adapté du livre de Florence Aubenas
Sortie le 3 mars 2022 sur les écrans de Suisse alémanique.
Notre point d'info dans l'agenda.
L'un des films dont nous discuterons le 17 mars 2022. En savoir plus
HUIT MINUTES PAR CABINE
Se battre, toujours se battre, contre une administration inefficace, des employeurs sans état d‘âme, l‘épuisement endémique. Un sort que partagent les employés d’une équipe d’entretien du «Ouistreham», un ferry qui relie Caen à Portsmouth. Huit minutes par cabine avec des toilettes repoussantes à nettoyer, soixante couchettes-lits à changer par soirée. Résultat: les bras sont tétanisés la nuit par les décharges électriques. Le tout bien sûr pour un salaire de misère tant la concurrence est féroce entre ceux dépourvus de toute qualification.
«IL FALLAIT PAS»
Marianne, écrivaine parisienne tendance bobo, va infiltrer ce milieu de travailleuses précaires et en vivre la réalité. Chez ces «invisibles», le désespoir et la solidarité se conjuguent avec le courage. La générosité affleure lorsqu’un cadeau démesuré s’offre en chuchotant: «Et surtout ne pas dire, il fallait pas!». On se dépêche de saisir au vol les rares distractions comme le bowling suivi d’un cocktail fait maison sur le parking. «La sortie a déjà coûté trop cher». Et les rires fusent entre deux blagues cyniques. L’autodérision n’est-elle pas indispensable pour contourner la rage?
UNE INJUSTICE BIEN INSTALLÉE
Un jour «l’espionne» est démasquée par la plus touchante des combattantes, blessée à mort dans sa fierté. Chacune reprend sa place. Un livre paraît pour décrire l’injustice installée durablement derrière les murs de nos cités. Mais après???
Juliette Binoche exceptée, toutes les interprètes sont de vraies femmes de ménage «désarmantes d'aisance et de sincérité, leur métier et leur vie incrustés sur leur visage», ce qui évite au témoignage de tomber dans le voyeurisme.
L.H.A 07/03/2022
